Un pays supplémentaire
Pièce jeune-public (et tout public), création sonore et visuelle
création 2025
environ 45 minutes, à partir de 7 ans
Claudine Simon : concept, écriture, interprétation ; Etienne Demoulin : design sonore ; AnneSophie Bérard : scénographie ; Maeva Prigent : design plastique ; Antoine Travert : lumière ; Anthonin Gourichon : développement technique ; Alix Reynier : régie plateau et générale
Production : Association AURIS ; Co-production La POP, le GRAME-CNCM Lyon, Commande d’écriture de Ici l’Onde-CNCM Dijon
Le projet
Il s’agit d’un spectacle musical dans lequel apparaît une scénographie singulière : un train électrique miniature posé sur un circuit à même le sol, et qui entoure le piano.
De part et d’autre sont disposés des objets appartenant au piano (touches, marteaux, petits mécanismes, ressorts) ou de préparations (pince à linge, bille, brosse..).
Le train se met alors en route.
Une lampe LED fixée à l’avant balaye l’espace provoque un effet d’ombres chinoises sur les parois de la salle tandis qu’un micro-canon fixé sur le dessus permet d’amplifier les sons du parcours.
Ce train miniature, la fantasmagorie associée à son déplacement, nous transforme en voyageurs d’un périple inattendu. Nous sommes transporté dans un univers étonnant, improbable, provoquant un effet d’interaction immédiat avec la performance.
La musique prend son point de départ dans le monde du piano mais s’intéresse particulièrement aux territoires sonores : les frontières entre la note et le son, la musique et le bruit, le geste instrumental et le mouvement, ce qui est normé et ce qui ne l’est pas, le son concret et l’électronique, dans une sorte d’écriture sonore et spatiale qui s’apparente à un cinéma pour l’oreille. Des jeux se mettent en place où le son nous joue des tours. Il vient contredire ce qui se passe sur scène et provoquer des situations de jeu parfois burlesques !
Un titre, une démarche…
Un pays supplémentaire est en référence à une expression de Serge Daney, critique de cinéma.
Cette expression sonne comme un message, et éveille la curiosité dans l’esprit des enfants.
Avoir la musique dans sa vie, cela revient à disposer d’un monde supplémentaire, à tout un domaine d’émotions, de perceptions. C’est aussi une façon de vivre, de voir, d’écouter, de ressentir, que l’on peut s’approprier et qui fait monde. Un monde à la fois très particulier et exceptionnel qui nous devient familier.
Si je peux établir un parallèle, c’est un peu comme lorsqu’on est confronté à la traduction d’une langue étrangère. Quand on part à la recherche de formules, d’expressions, on trouve très souvent une façon étonnante de dire les choses, propre à cette langue. Ces formules, ces agencements de mots inattendus pour notre propre mode d’expression, notre langue, font travailler l’imaginaire. La langue étrangère a ce côté fascinant qui fait voir, ressentir ce que l’on dit dans notre propre langue un peu autrement, étrangement. Elle fait resurgir des références culturelles, visuelles, sonores, découvrir des tournures d’esprit, des façons de voir, tout un petit bagage d’équivalences curieuses, de faux-amis étonnants, bref un autre monde…
Ce projet conduit des enfants à découvrir quelque chose de particulier, une musique inhabituelle, un peu expérimentale. Cette découverte, cette rencontre sera amenée grâce à un stratagème ! Il s’agit d’un petit train que l’on peut suivre du regard. Il agit sur le son, et produit des ombres portées.
Chemin faisant, par l’intérêt émerveillé et amusé qu’il accorde aux évènements jalonnant ce parcours, l’enfant, toujours en attente d’évènements nouveaux est mis dans de bonnes dispositions de réception. Son domaine d’attention et son désir grandissent, son champ perceptif s’ouvre, on lui propose d’entrer dans un type d’écoute, comme une invitation et non comme une prescription.
Images de travail et vidéo // © Sebastien Jourdan