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Ciné-concert : improvisation au piano et piano-préparé sur des films muets (courts et moyens métrages).

Le cinéma expérimental des années 1920-30 : Dulac – Richter

Programme

Germaine Dulac : la coquille et le clergyman (1928)
Hans Richter : Film Study (1926) – Inflation (1927) – Ghost Before Breakfast (1928)

Le choix de ces films est guidé par mon désir d’aller à la rencontre de films qui appartiennent à cette période du muet, si riche sur le plan de la recherche esthétique, théorique, où le cinéma s’ouvre à l’expérimentation. Un cinéma qui s’échappe d’une  représentation de type théâtral, d’un certain réalisme naturaliste et privilégie le jeu avec les matières spécifiques du visuel : lumière, surimpressions, cadence, mouvement, montage.

Il peut toujours être inscrit dans le registre narratif, mais il opère un traitement nouveau du genre en laissant la part belle à l’inattendu, à l’étrange, l’insolite, l’image mentale ou l’image rêve. Il se veut être, par ailleurs une expression musicale du visuel. Et, précisément, je n’ai pas retenu certains films, notamment de Richter, qui en eux mêmes sont explicitement, par le rythme, la dynamique des attaques, l’accéléré, le ralenti, le montage, des expressions musicales de la lumière, du visuel. L’ajout de l’élément musical  aurait  constitué un pléonasme.

Mais ce n’est cependant qu’avec une certaine conception de la narration et du réalisme (qui inclut l’imaginaire) que je peux faire jouer les discours visuels et sonores dans toute leur intensité et leur dimension expressive : décalage temporel (récit sonore/récit visuel), jeu d’anticipation ou mémoire et bien d’autres modes de relations : correspondance dynamique, plastique, glissement des matières, homologie de formes (récit/musique)… la palette ne demande qu’a être enrichie.

Programme

Louis Feuillade : Erreur Tragique (1913)
Alice Guy : Le billet de Banque (1907)
Buster Keaton : La voisine de Malec (1920)

Je souhaite à travers ce Ciné-concert perpétuer une tradition et faire apprécier les diverses manières dont la musique guide ou exalte un récit, habite les pantomimes silencieuses,  joue avec les harmonies lumineuses du Cinéma Muet. J’ai choisi de développer mes stratégies et improvisation, à partir de trois films (courts et moyens-métrages).

Le premier film, Erreur tragique, est le fait de Louis Feuillade. Ce  célèbre réalisateur fut entre 1910 et 1925 un spécialiste de séries, entre comédie, drame, épouvante et policier, intitulées : Judex, Fantomas, Vampires. Le deuxième, Le billet de banque, est le fruit du travail d’Alice Guy, véritable pionnière du cinéma français. Le dernier, est réalisé et surtout interprété par Buster Keaton, considéré comme l’égal des Chaplin, Harold Lloyd, Harry Langdon…

Erreur tragique est basé sur un procédé ingénieux, appartenant originellement à l’univers pictural, qualifié de « mise en abyme ».

Le personnage principal du film, entré par hasard dans une salle de cinéma, voit sa femme passer fortuitement, en arrière plan des images, au bras d’un inconnu. Le « film dans le film » devient la source, le ressort du drame, excitant la jalousie de l’homme. Il achète une copie du film dont il visionne compulsivement, les photogrammes sur lesquels est fixée  « la trahison »… jusqu’au drame et à son dénouement.

Alice Guy structure son film par la répétition de scènes suscitant, a chaque fois, l’incrédulité, la confusion ou la méprise dans la drôlerie.

Buster Keaton multipliant les changements de direction, les variations de tempo, enchaîne les gags selon une incroyable vélocité, à partir de quiproquos procédant aussi bien du ridicule que de l’extravagance ou de l’absurde. Une démarche qui semble ne viser que l’efficacité comique et qui, cependant, conduit à l’expression d’une vraie puissance lyrique.

« Au fil de Pétrouchka » est une création personnelle du ballet de Stravinsky, adaptée pour deux pianistes et trois danseurs avec : Pauline Simon, Laurent Falguiéras, Raphaël Dupin, (danse) Valérie Mercier et Claudine Simon (piano).

“Lorsque ma soeur m’a demandé d’imaginer une version de Petrouchka pour la danse contemporaine, un certain nombre de contraintes à l’imagination se sont imposées, comme l’impossibilité d’ignorer la création originelle qui a laissé une empreinte indélébile, sorte d’ouragan d’innovations qui laissait présager l’avènement du « Sacre du Printemps ».

Tout cela pour dire que l’on n’aborde pas un « classique » du répertoire de la danse comme si on arrivait sur un terrain immaculé. Je n’ai en rien modifié l’histoire, j’ai suivi une brèche déjà ouverte.

Je ne peux me résoudre a donner des clés de lecture trop explicites, mais, parmi les infinis choix possibles pour réaliser une pièce, j’ai maintenu l’idée des tableaux visuels, déjà présente dans la version de Nijinsky, et, d’autre part, je me suis éloignée d’ une narration trop univoque en prenant mes distances avec une musique très illustrative (voire narrative) pour trouver des matières de corps ou des idées plus abstraites qui me paraissent, cependant, complètement intrinsèques à Petrouchka et m’ont permis de conserver ce qui est au coeur du ballet originel, sa moelle.

J’ai sans doute aussi été sensible à ce qui constitue le contexte attaché à la création de la pièce : la folie naissante de l’artiste Nijinsky, la danseuse de ballet, véritable machine à reproduire le mouvement, en cela réduit à l’état de pantin, l’engouement pour les charmes des pays froids et les traits naïfs ou pittoresques des personnages.

Pour conclure nous avons travaillé à partir des échos que ces idées ont provoqués sur mes partenaires, échos et réactions qui ont à leur tour bouleversé ma vision première des choses. Tout cela réalisé dans un temps assez court, investi entre improvisation et écriture.”

Pauline Simon